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titres, et nous en sommes très fiers, — fiers comme des rois.

Et ainsi, le tsar ne saurait échapper à notre reconnaissance. Nous avons beau savoir qu’il n’a rien fait de surprenant ni d’étrange en se rappelant que notre langue est encore, dans la politique, la langue européenne : nous lui savons gré de s’en être souvenu, et de s’en être souvenu si à propos. Nous sommes touchés que les seuls mots français qu’on ait entendus ces jours-ci dans une cour où notre langue est, dit-on, soigneusement pourchassée, et jusque sur les menus des dîners de gala, aient été prononcés par l’empereur de toutes les Russies. Cela chatouille notre fierté et, si vous voulez, notre vanité nationale dans ce qu’elle a de plus innocent, de plus légitime, de moins agressif. Pour ces raisons, et pour d’autres encore que le tsar connaît mieux que nous, ce qu’il a fait là nous a paru tout à fait spirituel.

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                                       Paris, 15 octobre.

Il faut, ma cousine, que vous ayez aujourd’hui (qui est jour de terme) une pensée compatissante pour les honnêtes gens qui déménagent, car c’est là un grand ennui.

J’en sais quelque chose, étant moi-même un de ces malheureux. Ce déplacement de mes humbles pén-