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                                       Paris, 14 octobre.

Le tsar a répondu en français au toast que l’empereur Guillaume II lui avait porté en allemand. Certes, l’événement n’est pas considérable, et il n’y a presque aucune conséquence à en tirer. Mais, pourquoi ne pas l’avouer ? ce rien nous a fait grand plaisir.

Que ce soit intérêt, espoir caché, sympathie naturelle, admiration toute chaude pour une littérature récemment révélée, ce qui est sûr, c’est que nous aimons la Russie. Nous la connaissons, sans doute, très mal, mais nous l’aimons. Et alors, malgré nous, nous attendons un peu de retour. Et notre ingénuité est telle que nous sommes tentés de prendre pour une marque indirecte et secrète d’amitié pour nous ce qui n’implique peut-être, chez le tsar, que le respect d’une très ancienne tradition.

Le français est, depuis plusieurs siècles, la langue des relations internationales. Cela prouve que nous sommes un très vieux peuple, et qui fut puissant par l’action et par la parole. L’avenir est promis, dit-on, à des peuples plus jeunes, mais nous avons un long et beau passé. Notre démocratie possède de plus anciens titres de noblesse que les monarchies absolues. Or, au fond, nous y tenons beaucoup, à ces