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avez du cœur et du bon sens ; vous êtes « un bon gosse », comme vous dites, et je crois que ce que vous estimez avant tout chez les hommes, c’est la franchise, la loyauté, le courage, le sentiment raffiné de l’honneur. Vous aimez encore mieux ces belles vertus quand il s’y joint un peu de « panache » ; mais ce goût est bien de votre âge. Je vois avec plaisir que vous admirez M. le maréchal de Mac-Mahon (page 5). Dans un autre endroit, vous vous emballez pour les hommes de 89, parce qu’ils avaient, dites-vous, « une crâne allure », et vous ajoutez : « Enfin, m’sieu l’abbé, y a pas à dire mon bel ami, c’étaient des zigs ! »

Or, si vous aimez tant les « zigs » et les hommes de « crâne allure », comment vous arrangez-vous, mon cher monsieur Bob, pour admirer à ce point l’homme des petites lettres au duc d’Aumale, des lunettes bleues et de la fuite à Londres, même sans parler du reste ? Le cheval noir suffit-il à compenser tant de traits fâcheux ? Et remarquez, encore une fois, que ce que je fais ici avec vous, ce n’est ni de la morale, ni de la politique. Je me place à votre point de vue de « bon gosse » un peu snob. Vous appréciez extrêmement ce qui est « chic ». Eh bien ! permettez-moi de vous dire que votre héros n’est pas « chic », mon pauvre Bobichon. Et si, comme je crois, ce mot mystérieux signifie pour vous, entre autres choses, une certaine élégance morale, c’est bien plutôt, Dieu me pardonne ! M. Carnot qui serait « chic ».