Page:Lemaître - Les Contemporains, sér5, 1898.djvu/328

Cette page n’a pas encore été corrigée

saluer beaucoup et de ne pas parler argot. Bref, vous lui en voulez mortellement de sa patience, de sa correction, de son sang-froid, du haut sentiment qu’il a de ses devoirs et de son exactitude scrupuleuse à les remplir.

M. le président de la République vous déplaît. À cela il n’y a rien à dire. Il ne faut pas demander à un petit bonhomme comme vous, très étourdi, très en dehors et, Dieu merci ! très enfant malgré sa précoce affectation de blague, d’être sensible à un genre de mérite qui ne se sent bien qu’à la réflexion et qui suppose une dépense d’énergie toute silencieuse et toute intérieure. Cette antipathie irraisonnée pour un honnête homme qui ne vous paraît pas suffisamment « décoratif » est bien, après tout, dans le caractère de notre ami Bob, du digne frère de Paulette et de Loulou.

Mais où j’ai peine à vous reconnaître et où vous me faites un réel chagrin, c’est quand je vous vois étaler un si furieux fanatisme pour l’ancien général au cheval noir.

Entendez-moi bien : ce que je vous reproche, ce n’est pas de penser et de sentir autrement que moi, c’est de n’être plus vous-même et de contrarier absolument l’idée que je m’étais faite de vous.

Car, raisonnons un peu. Vous êtes un gamin très indocile, très mal élevé, pas toujours très naturel malgré votre sans-gêne et votre argot, enfin très vaniteux et très content de vous. Mais avec tout cela vous