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time et du respect, et l’on dit que l’Académie vous a choisi autant peut-être pour vos belles relations et pour votre réputation de galant homme et d’homme de goût que pour le mérite de vos ouvrages.

J’ajoute que votre extérieur ne dément pas l’idée qu’on se fait généralement de vous. Le Gaulois, l’autre jour, donnait votre biographie et votre portrait, et vantait à ses lecteurs votre « physique de diplomate ». Si j’en juge d’après ce portrait (car je n’ai jamais eu l’honneur de vous rencontrer), vous avez bien plutôt cet air spécial de réserve, de circonspection, de modestie et de gravité qu’on remarque, dans les églises, chez les personnes recommandables préposées à l’entretien des autels et des ornements sacerdotaux.

Il semble dès lors que, même parmi les besognes de la politique active, vous deviez conserver quelque chose de ce caractère et répudier, par exemple, dans vos façons de solliciter les suffrages des électeurs, certains procédés un peu… voyants.

Quelle n’a donc pas été ma surprise hier, en allant à l’Exposition ! Des pans énormes de la longue palissade qui ferme le Jardin de Paris sont couverts d’affiches à votre nom. Il y en a des centaines et des milliers ; c’est une orgie, un délire d’affichage. Votre nom tapisse entièrement, du haut en bas et sur les quatre faces, le piédestal d’une des grosses dames de la place de la Concorde. Et, comme si ce nom respecté n’était pas assez significatif par lui-même, il y a d’autres affiches où on le voit entouré de formules