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même des scènes d’opéra avec leur orchestration complète. Les vers que je me récite, il me semble qu’ils sont chantés dans l’ombre par une mystérieuse voix d’harmonica…

J’en cherche, par amusement, qui puissent, comme ceux d’Écouchard Lebrun, servir « d’attrape ». Voici ce que je trouve d’abord :

  Ces herbes ne sont pas d’une vertu commune ;
  Moi-même en les cueillant je fis pâlir la lune
  Quand, les cheveux flottants, le bras et le pied nu,
  J’en dépouillai jadis un climat inconnu.

Ces vers sont de Corneille (Médée) ; ils pourraient à la rigueur être de Leconte de Lisle.

Et celui-ci :

 J’ai montré ma blessure aux deux mers d’Italie.

Il pourrait, il devrait être d’Alfred de Musset. C’est un vers des Nuits, il n’y a rien de plus sûr. — Or, il a été volé à Musset par Maynard, qui vivait, comme vous savez, sous Louis XIII.

Et ce petit morceau :

  Deux démons à leur gré partagent notre vie
  Et de son patrimoine ont chassé la raison ;
  Je ne vois point de cœur qui ne leur sacrifie.
  Si vous me demandez leur état et leur nom,
  J’appelle l’un amour et l’autre ambition.