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notre danse nationale à nous. J’y ai trouvé une gaieté, un entrain, une grâce facile, une gentillesse spirituelle et un peu folle, et j’ajoute une décence (car tout est relatif), oui, en vérité, une décence dont les secouements d’entrailles et les tortillements de croupes de là-bas m’avaient déshabitué. Ce quadrille m’a été un rafraîchissement !

Je vous dirai demain un autre bénéfice imprévu que nous pouvons retirer du spectacle de toute cette exoticaillerie.

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                                       Paris, 11 septembre.

Le second avantage, ma cousine, c’est que l’Exposition va assouvir en une seule fois toutes nos curiosités d’exotisme, en sorte qu’après cela nous aurons l’esprit plus tranquille pour « cultiver notre jardin ».

À dire vrai, nous commençons à avoir une indigestion de géographie pittoresque. L’Orient surtout, celui des palmiers et des minarets, des odalisques et des chameaux, l’Orient d’Afrique ou celui de Turquie et d’Asie-Mineure, nous sort décidément par les yeux.

Notez qu’à l’heure qu’il est, cet Orient, qui fut si cher aux romantiques, est, en littérature et en art, terriblement bourgeois. Tranchons le mot, cet Orient-là est d’un Louis-Philippe !… Je sais bien que nous l’avons dépassé et que nous en sommes à l’Extrême-