tête d’une gaminerie déjà montmartroise. Elles portent leur diadème sur l’oreille. Les petites prêtresses, comme on les appelait, se sont laïcisées. Il paraît qu’on les a conduites à Cluny, aux Petits Mystères de l’Exposition. Là elles ont vu la parodie de leurs danses ; cela les a follement amusées, et, depuis, elles se parodient elles-mêmes !
Ainsi, l’esprit de Paris déteint sur ses hôtes. Il faut s’en réjouir. J’attends, pour ma part, les meilleurs résultats de ce congrès multicolore des races dans la ville de Renan et de Meilhac, dans la cité railleuse aux boulevards illustres. J’espère que les étrangers, même les plus jaunes et les plus noirs, s’y imprégneront, fût-ce à leur insu, de cette ironie indulgente qu’on trouve surtout chez nous, et dont l’abus nous perdra peut être, mais qui serait un grand bienfait si elle se pouvait répandre, à doses modérées, à travers le monde.
Ce sera, du reste, un très heureux échange de services entre les autres peuples et nous. Car, pour nous aussi, cette accumulation, sous nos yeux, d’êtres et de choses exotiques aura des effets excellents. D’abord, elle nous fera mieux apprécier ce que nous avons chez nous. Je l’ai déjà éprouvé plusieurs fois. Et, par exemple, saturé comme je l’étais de toutes les danses du ventre et même de la danse ardente et brutale des gitanes, j’ai eu l’autre soir un plaisir inattendu à revoir, dans un café-concert des Champs-Élysées, le « quadrille naturaliste » qui est