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Quant à la généreuse colère de M. de Heredia contre les « logoclastes » ou massacreurs de mots, la loyauté m’oblige à dire qu’elle est un peu excessive. Car, vous vous en souvenez, les réformes proposées par M. Havet sont modestes et, naturellement, ne seraient point obligatoires. Tout pourrait donc s’arranger. Il y aurait, en France, deux orthographes, comme il y a deux littératures (celle de M. de Heredia, si vous voulez, et celle des romans-feuilletons), deux cuisines (celle des riches et celle des pauvres), deux façons de s’habiller, etc., etc… Il y aurait une orthographe simplifiée, toute nue, facile à apprendre, pour les philistins, les marchands d’épices et les journalistes, et une orthographe ornée, compliquée, héraldique et décorative pour les poètes, les artistes, les lettrés et les érudits ; bref, une orthographe vulgaire et une orthographe noble. Et chacun aurait, bien entendu, le droit d’employer l’une ou l’autre, selon son goût ou ses prétentions, ou même selon les circonstances. Pourquoi pas ?… Cela fut presque ainsi autrefois.

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                                       Paris, 10 septembre.

Il y avait bien deux mois que je ne les avais vues, les petites danseuses javanaises. Ah ! ma cousine, comme elles sont changées ! Presque plus mystiques ni hiératiques. Elles ont, en dansant, des clignements d’yeux vers la salle, et des sourires et des airs de