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Je ne sais comment M. de Heredia a été informé de ce sentiment ; mais il m’envoie, afin de m’y confirmer, une lettre et un sonnet.

Voici la lettre :

« Je voulais depuis beau temps vous remercier et vous dire, cher ami, que vous aviez bien raison de croire que je ne me soumettrais jamais à cette barbare réforme de l’orthographe, si pédante sous couleur de simplification et qui gâte la beauté des mots en dénaturant leur physionomie, leur retire leurs lettres de noblesse et veut supprimer la rareté, la bizarrerie, la difficulté, les nuances, tout ce qui fait le charme d’écrire. On commence par les mots, on finirait par la langue, et ce serait le volapük !

« Si j’ai tant tardé, c’est que je voulais joindre, à ma protestation contre les logoclastes, un joli exemple. Ichtyophage, fi donc ! J’aime mieux Thympreste. Quant à Erymanthe, si je ne l’ai jamais employé, c’est que je n’ai pas osé, par respect pour le divin André.

                                       « J.-M. DE HEREDIA.

« Voyez-vous mon nom écrit sans H… ? »


Et voici le sonnet :

PAYSAGE.

                                       Sur l’Othrys.

  L’air fraîchit. Le soleil plonge au ciel radieux.
  Le bétail ne craint plus le taon ni le bupreste.