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Henri Regnault. Et ainsi on devient cruel sans le savoir.

La question : « Doit-on tuer le taureau ? » est donc mal posée. Le tuer est fort indifférent, après qu’on l’a lardé et saigné pendant une demi-heure sous les yeux de la foule.

Il faut laisser les taureaux tranquilles, voilà tout.

Ou bien, si vous ne voulez pas les laisser tranquilles, n’enlevez pas à ces bêtes leurs moyens de défense. Car ce jeu ne cesse d’être ignoble que s’il est mortellement dangereux pour ceux qui s’y livrent.

Mais, d’autre part, je ne tiens en aucune façon à voir mes semblables se faire étriper, même héroïquement et dans les conditions les plus propres à ravir des yeux d’artiste. Je ne retournerai pas aux arènes, ma cousine. Je ne cesserais d’y être malheureux que pour y devenir féroce. Et je ne veux pas.

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                                       Paris, 7 septembre.

Vous rappelez-vous, ma cousine, les projets de réforme orthographique de M. Louis Havet ? Je n’y faisais, pour ma part, qu’une objection : l’écriture trop simplifiée serait beaucoup moins jolie à l’œil, et je me représentais mal, dans un sonnet de José-Maria de Heredia, Erimante au lieu de Erymanthe et ictiofage au lieu de ichtyhophage.