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caractère aussi bien que de grandes actions. Je suis ravi de constater une fois de plus que ce poète incomparable fut un homme excellent. Ce n’est rien que cette lettre ; mais je n’affirmerais pas que, dans un cas pareil, Victor Hugo eût su l’écrire. Ou bien alors il l’eût faite trop belle.

Un détail charmant, c’est qu’à la suite de cette aventure Nadaud n’osa presque plus aller chez la princesse Mathilde, « aimant mieux passer pour un ingrat que pour un courtisan ». Il ajoute que son abstention a été comprise et pardonnée.

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                                       Paris, 5 septembre.

« Doit-on le tuer ? »

Pour résoudre loyalement la question, je me suis transporté aux arènes du bois de Boulogne, et voici, ma cousine, ce que j’ai éprouvé.

Au commencement, je ressentais un réel malaise toutes les fois qu’un toréador s’approchait pour enfoncer la pointe de sa banderille dans le cou de la bête. Et alors j’étais franchement avec le taureau. D’autant plus qu’à première vue ce que font ces hommes ne paraît pas difficile du tout. Cette grosse bête se meut si lourdement ! Un petit saut de côté, au moment où elle fonce sur vous… Tout le monde en ferait autant !