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coles primaires et qui pouvez voir les choses de près.

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                                       Paris, 4 septembre.

J’ai feuilleté ce matin, ma cousine, les Nouvelles chansons à dire et à chanter du bon Nadaud. L’aimable homme y a mis une préface touchante, où il nous raconte un des grands chagrins de sa vie.

Connaissez-vous cette histoire ? Il y a quelque trente ans, Nadaud se trouva invité à dîner le même jour chez Lamartine et chez la princesse Mathilde. Il vénérait l’un, mais il se crut obligé d’aller chez l’autre, car une princesse est une princesse. Or, il paraît qu’en recevant la lettre d’excuses de Nadaud, Lamartine, un peu piqué, se mit à fredonner : Chansonnier, vous avez raison ! et s’amusa à improviser un couplet sur ce thème.

Ce couplet, le voici à peu près tel qu’il a couru :

  Hier le vaincu de Pharsale
  M’offrait un dîner d’un écu.
  Le vin est bleu, la nappe est sale :
  Je n’irai pas chez le vaincu.
  Mais que la cousine d’Auguste
  M’invite en sa riche maison,
  J’accours, j’arrive à l’heure juste.
  — Chansonnier, vous avez raison !

L’épigramme était tout à fait injuste et cruelle, et