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premier banc imperturbable et seriné comme un perroquet, et vingt autres bancs qui ne savent rien de rien ! Et voyez-vous, monsieur, cette belle institution du certificat corrompt, si j’ose dire, les élèves aussi bien que l’instituteur. Tel de ces galopins diplômés se croit un personnage, s’estime fort au-dessus de ses parents, rechigne pour travailler la terre et louche du côté de la ville.

« Enfin, on donne aujourd’hui trop de vacances. De mon temps, nous avions un mois tout juste, le premier de l’an, la moitié de la semaine sainte, et c’était tout. Aujourd’hui, ils ont au moins six semaines de grandes vacances, cinq ou six jours au premier de l’an, dix jours à Pâques, deux jours au 14 juillet, etc. Les enfants oublient à mesure ce qu’ils ont appris, et les parents ne savent que faire d’eux…

— « Mais alors, mon cher voisin, si on vous avait octroyé, à vous, tous ces congés du temps que vous étiez en exercice, vous les auriez donc refusés ?

— « Non, monsieur, parce que l’homme est faible. Mais ma raison aurait protesté en dedans… »

Je n’ai fait que résumer très brièvement, ma cousine, les propos de mon vieux voisin. Car toutes ses affirmations étaient longuement développées et appuyées d’exemples. Je ne vous les donne point pour irréfutables, et même j’y soupçonne un peu d’exagération et de maussaderie. Mais j’y sens aussi une part de vérité. Vous l’y démêlerez mieux que moi, vous qui êtes grande fondatrice et bienfaitrice d’é-