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entre lui et les familles des relations agréables et cordiales. Aujourd’hui, l’instituteur reste un étranger dans la commune ; les parents ne le connaissent guère plus que le percepteur ou le directeur de l’enregistrement. Il n’a pas, comme jadis, un intérêt direct à ce que tous ses élèves apprennent quelque chose. Il fait sa besogne à la façon d’un employé. Il peut se moquer des plaintes et des réclamations des parents ; il n’a qu’à leur répondre : « Pour ce que ça vous coûte ! » Il était peut-être trop dépendant jadis. Il lui arrivait d’être opprimé par le curé. Mais je me demande s’il n’est pas trop indépendant à l’heure qu’il est. Ne relever que de sa conscience, et de l’« autorité centrale », — toujours lointaine, — c’est vraiment trop commode pour la paresse !

« Vous me direz qu’il y a, pour réveiller le zèle de l’instituteur, le certificat d’études, ce baccalauréat de l’école primaire. Ah ! oui, parlons-en ! Tranquille comme il l’est du côté des parents, l’instituteur n’a déjà que trop de pente à négliger les pauvres petits gars à tête dure qui forment nécessairement la majorité de la classe. La préoccupation du certificat d’études les lui fait délaisser complètement, pour ne s’intéresser qu’aux trois ou quatre élèves capables de lui faire honneur. Car c’est sur le nombre des certificats d’études obtenus par les écoliers que les inspecteurs ont pris l’habitude de juger le maître.

« Le résultat ? C’est que vous avez des classes avec un premier banc pour la parade et la montre, un