Comment espéraient-ils reconnaître ce train ? Et en quoi ce train, surtout vu d’en haut, pouvait-il bien différer des autres trains ? Je ne sais ; mais soyez sûre que, le soir, ils ont tous raconté qu’ils avaient vu le shah de Perse et que, ce matin, ils croient l’avoir vu.
M. Carnot a souhaité la bienvenue à ce souverain des Mille et une Nuits. Que lui a-t-il dit ? Ceci, j’imagine :
— Sire, nous avons toujours pensé le plus grand bien de la Perse. Nos bonnes relations avec elle datent de Charlemagne. Elle a toujours été pour nous le pays par excellence du luxe oriental, et aussi le pays des contes moraux, des bons vizirs qui se déguisent et se mêlent au peuple pour connaître ses besoins et pour porter remède aux misères et aux injustices cachées. Le souvenir de la région merveilleuse où vous régnez est lié dans nos mémoires à deux des plus fins chefs-d’œuvre de notre littérature, Zadig et les Lettres persanes. Enfin, une Providence ingénieuse a voulu qu’au moment de votre troisième voyage en France le président de la République portât justement le nom d’un de vos poètes, de Saadi, le poète des roses.
Tout cela doit vous disposer en notre faveur. Vous êtes d’ailleurs un homme d’un esprit lucide et modéré. Vous n’êtes point comme ce fou mélancolique de Xerxès, votre prédécesseur très indirect, qui faisait donner le fouet à la mer et qui, voyant