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bord, avec leurs pieds, la polka d’Excelsior. C’est leur songe d’Athalie ou leur récit de Théramène…

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                                       Paris, 22 juillet.

MA COUSINE,

J’aime beaucoup la conversation des médecins, et surtout des chirurgiens, quand ils sont gens de mérite. Ils vous content des détails de maladies et d’opérations qui vous font frémir d’une curiosité effrayée. Ils connaissent bien les hommes, car ils les voient justement dans les circonstances où les hommes se montrent le mieux tels qu’ils sont. Enfin, le continuel spectacle des pires misères, joint à cette connaissance de l’humanité, leur inspire une philosophie mélancolique et haute, quelquefois brutale et négative, avec une grande pitié au fond…

Ayant donc rencontré l’autre jour le docteur Félizet, que vous connaissez certainement de nom, j’ai causé avec lui tant que j’ai pu, et voici quelques-unes de ses histoires.

En 1870, Félizet était major dans l’armée de Metz. Les ambulances étaient pleines de blessés ; il y avait de terribles opérations à faire et en grand nombre, et l’on n’avait plus de chloroforme. On envoya un parlementaire en demander aux Allemands. Ils firent attendre leur réponse quatre jours, et cette réponse fut qu’ils ne pouvaient, aux termes de leurs règle-