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                                       Paris, 10 juillet.

Danse du ventre au café tunisien, danse du ventre au café algérien, danse du ventre au théâtre égyptien, danse du ventre en face. Que de ventres à cette Exposition, que de ventres !

Elle est vilaine, cette danse. Si seulement elle était voluptueuse ! Mais point. Ce n’est qu’un paquet d’entrailles que l’on secoue en mesure. Les filles qui font cela (et qui sont médiocrement belles) le font avec une indifférence parfaite, comme elles rameraient des choux. Est-ce bien la même danse que j’ai vue là-bas, à Laghouat, dans une chambre de six mètres carrés, et qui m’est restée comme une vision de rêve ? Non, non, cela n’est pas possible. Almée Farida, almée Adila, ayez un peu plus l’air de vous souvenir que vous êtes des almées, et songez à tout ce que ce nom magique représente pour des bourgeois d’Occident !

Avec quelle lenteur et de quel air d’immense ennui, à ce théâtre égyptien, les deux Druses du mont Liban promènent dans l’air leurs grands sabres courbes et les cognent sur leurs petits boucliers ! Et comme il a l’air de s’ennuyer aussi, le nègre du Kordofan ! Il a beau porter un miroir dans ses cheveux crépus et secouer, avec un bruit de cailloux, sa cein-