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Cette histoire de sainte Godolène, je vous la dirai demain, ma cousine, pour votre édification.

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                                       G…, 5 juillet.

Donc, ma cousine, Godolène, ou Gudelaine, ou Gudule (comme il vous plaira de l’appeler), était « belle de corps et d’esprit ». Un gentilhomme flamand, Bertulf, la demanda en mariage à cause de sa beauté. Mais il la prit en grippe le jour même de la noce. Il faut dire qu’il y fut incité par sa mère, qui avait désapprouvé ce mariage. Car la belle-mère de l’époque carlovingienne ressemblait déjà à celle de nos vaudevilles et de nos chansons de café-concert. Puis, Bertulf enferma sa femme, sous la garde d’un valet brutal, qui avait ordre de ne lui donner qu’un petit morceau de pain par jour. Mais « elle sustentait son âme d’oraison ». Finalement, il la fit étrangler et jeter à l’eau par deux domestiques. Après quoi il se convertit, instantanément. « Il fit pénitence et mourut au monastère de Saint-Vinoce. » On garda, dans un couvent de filles de l’ordre de saint Benoît, un peu du sang que Gudelaine, étranglée, avait rendu par le nez et par la bouche ; et, comme Gudelaine avait été patiente et douce dans les épreuves, ce sang faisait des miracles tant qu’on voulait. C’est tout.