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anguille entre les bras de son adversaire et a si bien lassé le gros homme qu’il a fini par le faire « toucher ». Nous ne nous tenions pas de joie. Bravo, l’amateur !

C’est un spectacle très attachant, je vous assure. Je ne parle pas seulement du plaisir que donnent aux yeux le jeu magnifique des muscles sous la peau, la beauté des lignes mouvantes, l’imprévu des raccourcis michelangélesques. Mais peut-être que cette lutte corps à corps, qui est (sauf la convention de la « main plate ») la lutte primitive, celle de l’âge de la pierre, plaît au vieil anthropoïde qui vit dans chacun de nous. Je trouve, sans bien savoir pourquoi, ces combats entre deux hommes beaucoup plus intéressants que les luttes entre l’homme et l’animal (par exemple, les courses de taureaux). Les anciens étaient de cet avis : ils ne voyaient rien au-dessus des combats de gladiateurs. On y reviendra.

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                                       G…, 4 juillet.

Ce matin, ma cousine, en fouillant dans une vieille armoire où dorment de vieux livres, j’ai mis la main sur un almanach révolutionnaire. Le bouquin est intitulé : Annuaire du cultivateur pour la troisième année de la République, présenté le 30 pluviôse de l’an IIe à la Convention nationale, par G. Romme, représentant du peuple. »