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cinq et trente-cinq ans. J’ai le devoir de vous avertir, ô ma sage cousine, en ma qualité de vieux parent.

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                                       Paris, 3 juillet.

J’ai fait hier soir, ma cousine, un tour à la foire de Neuilly. Rien de bien nouveau. Je constate que les baraques où la statue de Galathée se change en une jolie créature vivante, puis en un squelette qui disparaît dans un buisson de roses, se sont fort multipliées. On en rencontre une tous les vingt pas. Je dois dire pourtant que la « baraque-mère » (celle dont l’imprésario porte un nom hongrois ou polonais) garde sa supériorité. On y voit une mulâtresse fort piquante qui répond au nom de Zora, — qui y répond même avec beaucoup d’empressement et d’aménité.

Au reste, c’est toujours la même chose. Partout, les infâmes musées anatomiques, les chevaux de bois mus par la vapeur et les manèges de vélocipèdes, d’aérostats et de transatlantiques nous rappellent, jusque dans ce lieu qui devrait être consacré aux divertissements naïfs, que nous sommes dans le siècle de la science et de l’industrie. Seules, quelques femmes géantes et quelques somnambules extralucides représentent encore l’ingénuité des foires du bon vieux temps.

J’ai eu le regret de ne point retrouver Mlle Emma,