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chose de doux, de caressant et, volontiers, d’un peu plaintif. Ajoutez une sensibilité excessive, un besoin de bienveillance autour de lui, un art merveilleux et déplorable de se faire souffrir avec rien ou pas grand’chose… Disons donc, si vous le voulez bien, qu’il a, avec une intelligence et une volonté viriles, des nerfs un peu féminins. C’est là une combinaison très distinguée.

Mais, je vous le répète, pas du tout « romancier des dames » ! Un peu « esthète », oui, c’est tout ce que je puis vous accorder. Au fond, un montagnard pensif. Parfaitement ! Le malheur, c’est qu’à Paris on vous juge sur quelques traits qui ont d’abord frappé et qui font oublier les autres, et en voilà pour votre vie ! Si vous croyez, par exemple, que l’on connaît Renan, que l’on se fait une idée juste de sa personne et de son caractère ?… Mais à une autre fois, ma cousine.

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                                       Paris, 1er juillet.

Ma cousine, le président de la République recevait hier, dans l’après-midi, un ou deux milliers de bourgeois de Paris ou de la province.

Il y a deux cents ans, une « fête à la cour », c’était, dans le palais de Versailles, un ballet mythologique du genre « pompeux », où le roi, les seigneurs et les