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anges en prière sur le reposoir tournant ; et moi je représentais le petit saint Jean-Baptiste et je conduisais devant le dais un petit mouton vivant ! J’étais frisé comme le mouton, j’étais beau ; on me regardait ; et jamais je ne commis plus complètement, dans mon cœur, le péché d’orgueil…

Mais, à présent, ce n’est plus du tout cela, les Fêtes-Dieu de mon pays ! De méchants reposoirs de rien du tout ! C’est devenu égal à tout le monde. Les pompiers et la musique ne vont plus à la procession. Ah ! ma cousine, nous vivons dans des temps sévères.

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                                       Paris, 25 juin.

C’est grand dommage, ma cousine, que le bâtiment du ministère de la guerre, à l’Exposition, soit d’une architecture aussi banale et inexpressive. Cela pourrait être une gare, une préfecture, un casino, ou n’importe quoi. J’aurais voulu une bâtisse austère et un peu lourde, une simplicité, une nudité de lignes qui rappelât les forteresses et les constructions militaires. C’était pourtant bien facile à trouver.

Je dois dire qu’une fois entré on n’a plus d’objections. D’abord, parce qu’on est un peu abasourdi. On l’est à cause de la foule, qui est ici plus serrée et plus curieuse que partout ailleurs. Et puis, comme dit le roi lombard dans la Chanson de geste : « Que