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dons les singes du Jardin des Plantes. Je crois pourtant que Meilhac trouvait un peu grâce à leurs yeux, sans doute à cause de sa moustache de Tartare, ou peut-être parce qu’elles sentaient que cet homme-là les aime. Une d’elles lui a même dit : « Bonjour, Meilhac ! » mais je crains bien qu’on ne lui ait soufflé.

Resteront-elles à Paris, ces gamines de Java ? Qui sait si dans vingt ou trente ans nous ne retrouverons pas l’une d’elles sous un bonnet d’ouvreuse, ou gérante d’un family-hotel ?

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                                       Paris, 24 juin.

J’ai fait hier, ma cousine, pendant ma promenade dominicale, une découverte. C’est, au bord de la route de Versailles, route fort civilisée et chère aux vélocipédistes — entre Saint-Cloud et Suresnes — un verger ; mais un verger comme ceux de chez nous, un verger rustique et naïf, avec des arbres plantés au hasard, des cerisiers surtout, de jolis cerisiers trapus et courts, arrondis en dômes par le poids des innombrables fruits rouges qui tirent les branches vers la terre. Et, chose plus surprenante encore, ce verger est ouvert aux passants : ni mur ni palissade. Il faut évidemment que le propriétaire soit une belle âme, très candide, très insouciante ou très généreuse. J’ai