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Je suis content que des fragments si divers de l’immense humanité soient en ce moment rassemblés à Paris. C’est très probablement ce qui s’est vu de mieux depuis les temps de l’ancienne Rome. Après les grandes guerres africaines et asiatiques, les cortèges qui suivaient le triomphateur, prisonniers et captives dans leur costume national, les animaux et les plantes des pays lointains, et les produits de leur industrie et de leur art entassés sur des chariots, tout cela formait de véritables expositions ambulantes. Et c’étaient, pendant des mois, dans les théâtres et sur les places, des exhibitions de toutes sortes de curiosités exotiques. (Lisez, ma cousine, Tite-Live et Horace.) Mais les spectacles que la guerre procurait aux citoyens romains, c’est la paix qui nous les donne. L’exposition universelle est plus innocente que les triomphes de Paul-Émile ou de Jules César. Et, tout de même, je la crois encore plus belle et plus variée.

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                                       Paris, 17 juin.

J’ai fait hier, prudemment, un tour de promenade en voiture entre l’heure du départ général pour le Grand Prix et l’heure du retour. J’ai noté pour vous, ma cousine, une impression amusante. Il y a, dans le spectacle si varié de ce joli Paris, des chan-