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    Aujourd’hui je n’ai plus d’idées
    Sur moi-même ni sur autrui ;
    Toutes mes marches sont guidées
    Par la fatigue et par l’ennui.

    Je n’ai plus mes désirs pour maîtres ;
    Chacun me mène à volonté,
    Et je suis meilleur pour les êtres,
    Si mon cœur a moins de bonté…

Laissez-moi vous copier aussi la Chanson sur un thème chinois :

  Où donc est l’hirondelle ? Elle a quitté la rive.
  On entrevoit déjà des cigognes les soirs ;
  L’hirondelle s’envole et la cigogne arrive,
  Comme des cheveux blancs après les cheveux noirs.

  C’est un cercle sans fin sous le ciel monotone,
  Et bien des cœurs lassés les trouvent ressemblants,
  Les oiseaux du printemps, les oiseaux de l’automne,
  Les jours des cheveux noirs et ceux des cheveux blancs.

La pensée et le désir de la mort reviennent presque à chaque page. Maintenant que Tellier n’est plus, cette préoccupation me frappe étrangement. Voici quelques vers de son Prélude :

    Mon âme à soi-même ravie
    N’attend plus rien des biens du sort.
    — Qui donc es-tu ? — J’aimais la vie.
    — Quel est ton nom ? — J’aime la mort…