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france et de la misère, la fraternité universelle… C’est là un sentiment tout à fait respectable. Il me paraît qu’il y a quelque chose de religieux dans l’admiration que la tour inspire à la foule. Le peuple comprend que cet énorme édifice est l’expression la plus concrète, la plus sensible, de toute une période du développement humain. Il a raison. Cette tour qui est inutile, et qui, cependant, est construite comme une machine utile et n’admet aucun ornement superflu, cette tour est bien le monument symbolique du plus récent état de civilisation, le Parthénon de fer d’une société démocratique et industrielle. Elle sera un jour aussi sacrée et plus significative encore (car elle sera unique) que les cathédrales gothiques et que les temples en ruine de l’Acropole.

Soyons peuple, ma cousine ; ayons l’espérance et la foi.

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                                       Paris, 4 juin.

MA CHÈRE COUSINE,

J’ai eu ces jours-ci une grande tristesse. Un des meilleurs, et des mieux doués parmi ceux de mes amis qui sont plus jeunes que moi, Jules Tellier, vient de mourir. Très apprécié et très aimé dans le petit monde des poètes, il n’était pas encore très connu du public, bien qu’il écrivît depuis un an, au Parti national, de très élégantes et pénétrantes chro-