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tour Eiffel et presque sous l’arc, démesuré que dessine un cordon lumineux. Plus haut, d’autres lumières entourent la première plate-forme, puis la seconde ; et, plus haut encore, très haut, luit une couronne de feu qu’on dirait suspendue dans l’air. Si l’on se retourne un peu, on voit le dôme central, ce merveilleux dôme de faïence et d’or, d’un or roux, somptueux et chaud, encerclé, lui aussi, de lignes lumineuses. Et, de tous les côtés, on entrevoit d’autres architectures, bizarres et jolies, dômes, galeries et tourelles du pays bleu ; et là-bas, sous l’écartement des jambes colossales de la tour, les minarets du Trocadéro dressés sur le ciel rose du couchant…

C’est fantastique et délicieux. Et l’impression est d’autant plus voluptueuse qu’il s’y mêle un rien de mélancolie, l’idée que cette féerie est éphémère, que ce paradis ne sera plus, l’an prochain, qu’un champ de manœuvres, et que nous croirons avoir rêvé…

Et les fontaines lumineuses !

Tous les émerveillements dont vous étiez saisie, étant toute petite fille, devant les feux d’artifice des foires et des fêtes nationales, vous les retrouverez, quoique vous soyez maintenant une grande personne sérieuse, renseignée et un peu rétive aux admirations, vous les retrouverez, je vous le jure, devant ces fontaines du royaume des fées. Cela est proprement indescriptible. De hautes gerbes de pierreries liquides, de poussière de diamant et, tout autour, des fusées plus courtes, qui tantôt grandissent, forment avec