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jamais ! Les démolitions mettent à nu les tuyaux qui amènent l’encens. »

N’est-ce pas un joli conte symbolique ? Et que d’applications on en pourrait faire !

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                                       Paris, 10 mai.

M. Ernest Renan m’a fait le grand honneur de m’écrire la lettre suivante.


                                       Paris, 9 mai.

CHER AMI,

Certes, j’aurais voulu répondre à l’invitation de votre billet du matin d’avant-hier. Mais c’est vraiment pour moi que le Christ a dit : Spiritus quidem promptus est, caro vero infirma. Un retour de mes misères habituelles m’a jusqu’ici empêché de voir cette chère Exposition, que je bénis puisqu’elle semble amener dans les choses humaines un peu de joie, d’oubli, de cordialité, de sympathie. J’en vis la préparation, il y a quelques semaines, des hauteurs du Trocadéro ; cela me fit l’effet de la Villa Adriana, d’une de ces fêtes du temps d’Adrien, brillantes, un peu composites, éclectiques à l’excès, mais que nous aimons comme les derniers sourires d’un monde finissant. Même en supposant que l’Exposition de 1889 doive être la dernière occasion qu’auront les hommes de se réunir pour se livrer à la gaieté et