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jusqu’à la foule et qu’il y a déjà chez elle un tout petit commencement de renanisme ?

Enfin, notre prétendue frivolité peut ici merveilleusement servir nos intérêts. Faisons de l’Exposition un immense Éden et des Folies-Bergères démesurées. Rendons-la si amusante, si amusante, que les étrangers s’en retournent épuisés, comme après une orgie. Amollissons les autres peuples, nos hôtes, et gorgeons-les de délices. Ne serait-il pas piquant, et de bonne guerre, de leur donner les vices qu’ils croient que nous avons ?…

Si vous vouliez nous éclairer sur ces points, mon cher maître, nous vous en serions bien reconnaissants. Et si votre diagnostic n’était pas trop défavorable, nous reprendrions courage, et cela même nous aiderait à guérir.

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                                       Paris, 8 mai.

Je vais vous rapporter, aussi exactement que possible, une histoire que M. Renan conta l’autre jour. Mais ce que je ne saurais vous rendre, c’est l’accent, le geste, l’onction, la bonhomie du conteur.

« C’était, nous dit-il, pendant un voyage en Syrie. J’appris qu’il y avait, dans un couvent, une religieuse qui faisait des miracles. Elle avait surtout