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siècle ? Vous seul peut-être avez un génie assez souple, une science assez vaste, assez d’aisance à manier les idées générales pour tenter d’établir le bilan de nos gains et de nos pertes pendant cette période si intéressante de l’histoire du monde, et pour dire ce que nous avons fait et où nous en sommes. Et nous vous écouterions, je vous assure, avec la plus ardente et la plus respectueuse curiosité.

Je sais bien que cet examen de conscience, vous l’avez fait dernièrement dans votre réponse à M. Jules Claretie. Mais vous fûtes ce jour-là étrangement mélancolique et sombre. Nous en appelons ! Les choses ont au moins deux faces : vous nous l’avez souvent enseigné. Après nous avoir dit ce que nous devons regretter et ce que nous devons craindre, dites-nous, de grâce, ce dont nous pouvons nous réjouir et ce que nous pouvons espérer.

Mais auparavant, allez voir la nouvelle Exposition. Elle est grande et belle ; elle impose par son immensité, elle éblouit par sa splendeur : c’est un des plus prestigieux efforts du travail humain qu’on ait vus depuis fort longtemps. Et, en outre, elle est charmante. Celle de 1878 était un peu sévère, ennuyeuse et guindée, ainsi qu’il convenait, si peu d’années après la défaite. Mais celle-ci a un caractère de gentillesse et d’élégance, quelque chose d’hospitalier, de joyeux et, si vous voulez, de très agréablement forain.