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le Figaro : « On demande institutrice pour donner leçons de français dans une famille. » Il s’en présenta, en huit jours, plus de trois cents. Il y en avait, chaque matin, plein le salon, plein l’antichambre, et jusque dans l’escalier, qui attendaient leur tour. La dame, un peu Yankee, se contentait de regarder leurs diplômes et de leur demander leur prix. Une idée lui était venue : adjuger l’éducation de sa petite fille à la moins exigeante. Elle trouva enfin une pauvre créature qui, pour huit heures de travail par jour, réduisait ses prétentions à soixante francs par mois, sans la nourriture ni le logement. — Ah ! les tristes dessous de notre délicieuse civilisation !

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                                       Paris, 30 avril.

Ce billet, ma cousine, sera plus futile encore et plus inutile que les autres. Est-ce le printemps qui m’incite à vous envoyer des vers ? Mais il faut absolument que je vous dise trois sonnets que je sais depuis peu. Ils ont ce mérite d’être monosyllabiques. Chacun d’eux n’est pas plus long qu’un seul vers de feu Lorgeril.

L’un de ces sonnets est dû à la patiente collaboration de François Coppée et de Paul Bourget. Il est intitulé : Profession de foi de Paul Bert. (Je n’ai pas besoin d’ajouter que cette innocente plaisanterie a