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sont, depuis quelques années, les maisons royales qui fournissent, en proportion, le plus de « faits divers », et les plus dramatiques.

Peut-être se passait-il jadis, avant le règne de la presse, tout autant de choses étranges dans les palais des misérables porte-sceptre : mais on le savait moins. Un voile de mystère les protégeait. On voit mieux aujourd’hui qu’ils sont semblables à nous. Et ils le savent eux aussi ; ils se l’avouent plus pleinement que ne faisaient les souverains d’autrefois. Je ne vois plus guère que le Tzar, le Grand Turc et le jeune Empereur illuminé d’Allemagne qui croient encore à leur droit divin. Les autres croient tout au plus à l’utilité de leur mission publique et de la tradition qu’ils représentent. Et cela est bien différent.

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Que dis-je ! On voit déjà des princes qui volontairement se retirent et à qui la rentrée dans la vie commune, dans la grande multitude humaine, semble une délivrance. Récemment, un archiduc demandait à l’empereur son parent la permission de n’être plus prince, et s’embarquait, sous un nom roturier, comme lieutenant de vaisseau. Qui saura jamais ce qui s’est passé dans l’esprit de l’archiduc Jean ? Si les autres princes n’ont plus guère d’illusions, ils ont gardé des préjugés. Pour que celui-là ait pu s’affranchir à la fois des unes et des autres, quelle vision nette, profonde, définitive, il a dû