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« Nous avions tous les larmes aux yeux en nous séparant ; et, si j’avais voulu profiter de l’attendrissement général, peut-être serais-je encore à Rio-Janeiro. Mais ma situation y serait précaire. La condition de simple particulier convient mieux à mes goûts. Puis, j’aime les voyages. Je quitte Venise demain matin et serai à Paris dans huit jours.

« Si j’avais eu besoin de consolation, j’en aurais trouvé une bien douce dans une nouvelle faveur que le gouvernement de la France vient de m’accorder. Le jour même où je perdais ma couronne, M. le président Carnot m’offrait les palmes d’officier de l’Instruction publique. Cela m’a fait grand plaisir. Le sage se contente de peu.

« Tel fut le récit du bon vieillard. Au moment où il parlait des deux millions de sa liste civile, les six autres rois détrônés s’étaient approchés de lui d’un air de déférence… »

 (Candide, appendice au chapitre XXVI.)

Ainsi le Brésil vient d’inaugurer brillamment, et de la façon la plus piquante, une nouvelle espèce de révolutions : celles où les peuples seront polis et les monarques résignés. Une révolution ne sera plus qu’une lutte de courtoisie entre les vainqueurs et le vaincu. Les coups de chapeau y remplaceront les coups de fusil.

Résignés, il semble bien déjà que la moitié des souverains de l’Europe le seraient, à l’occasion, le