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ses pareils font songer à des damnés de Callot.

Je prends absolument au hasard, dans le livre de M. Rosny, quelques-uns des passages qui nous peignent les labeurs de Servaise :

«… Les soirs de lampe, les rudes soirs où la volonté terrible l’entraînait au jeu des phrases, les sorties où les oeuvres grouillaient dans son crâne comme l’obsession dans l’âme d’un fou… »

«… Dans le désarroi idéen, c’est à ce mot « travail » que Servaise toujours revenait, comme à la divinité mystérieuse, à l’entéléchie dont l’adoration l’avait dû conduire à la gloire. Obscure, la hantise du fatal y dominait avec l’image de pauvres chevaux qui « travaillent », de laboureurs qui « travaillent », de mineurs qui « travaillent », d’une foule humble et immense à qui les sueurs et les supplices à peine donnent le pain quotidien, le sommeil pitoyable et des joies confuses de reproducteur. »

«… Comme une pluie d’automne, comme un firmament lourd et sans nuances, comme une lande stérile, les pages lui pleurèrent sur l’âme et la racornirent. Il laissa tout crouler, il se courba, il resta dans une morosité végétative, où les idées se tissaient lentes ainsi que des feuilles, moites de larmes intimes, tremblantes d’infinies angoisses… »

Ah ! le malheureux ! le malheureux !

Et tout cela, pourquoi ? Pour donner au monde un roman naturaliste de plus, et, notamment, pour