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démocratie n’a pas encore emportés ont des choses graves à se dire, des questions solennelles à débattre, une sorte d’examen de conscience royal à faire ensemble.

Et ses bons cousins en ont été tout ébahis, ou même visiblement ennuyés. Ce jeune homme ne pouvait-il pas les laisser tranquilles ? À quoi bon tant d’agitation ? Constitutionnels ou absolus, le plus avantageux pour les souverains est de ne pas bouger et de se montrer le moins possible. Quant au vieil équilibre européen, encore que rompu, on l’étaye au jour le jour, tant bien que mal. Le chancelier y a pourvu, et cela durera ce que cela pourra. Le reste est de peu d’importance. Les peuples ? qui s’en soucie ? Le seul que les rois aient à redouter a été réduit à l’impuissance voilà vingt ans, et il achève de consumer ses forces en faisant chez lui l’expérience de la démocratie.

Et le jeune autocrate, dans sa bonne volonté, songeait : « Mais ils ne comprennent pas ! Ils ne comprennent rien ! Non, non, il n’est pas possible que la seule affaire des rois d’aujourd’hui soit d’être de la triple alliance ou de n’en pas être. Sûrement, il y a autre chose… »

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Le second acte original du jeune Empereur, ç’a été de briser l’homme qui représentait sans doute, en Allemagne, la politique nationale, mais aussi la vieille politique, celle des Richelieu, des Frédéric,