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impossible d’y attacher un sens : il est affreux et innommable ; je ne sais rien de plus.

J’ai beau faire, cette race jaune ne m’inspire aucune pensée bienveillante ; la race noire, qu’on dit moins intelligente, me paraît beaucoup plus proche de moi. Le rire innocent et cordial des bons nègres, les jaunes ne l’ont point. C’est bien une autre humanité que nous, si toutefois c’en est une. J’avoue la profonde répulsion, mêlée de terreur, qu’ils me font éprouver. Je ne dirai pas que j’aurais tué ceux de l’autre jour si j’avais pu ; mais j’en ai eu l’idée. Oui, les tuer — sans douleur : car je serais malgré tout sensible à leur souffrance ; à leur mort, non.

Je sais bien les objections qu’on peut me faire. Tous ne sont pas pareils à ces bêtes odieuses et burlesques qu’on nous a montrées, et je « généralise » avec une hâte de femme ou d’enfant. Soit ! Mais un peuple dont c’est là le théâtre et qui se délecte à ces représentations… non, là, vraiment, je n’ai aucun désir de le connaître, aucun. Je prolongerais, si je pouvais, la muraille de Chine, et j’en doublerais la hauteur et l’épaisseur pour n’être plus jamais exposé à les voir. Si le Christ est mort pour eux comme pour moi, la vision de ces magots a dû être sa pire angoisse.

On me dira : « Mais, monsieur, oubliez-vous que nous vivons au siècle de la critique et de l’histoire ? Il faut élargir son cerveau, afin de tout comprendre et de tout aimer. Vous cédez injuste-