Page:Lemaître - Les Contemporains, sér5, 1898.djvu/137

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE THÉÂTRE ANNAMITE

Ils sont hideux.

J’ai vu quelques-unes des plus brutales manifestations de la bestialité humaine. J’ai vu, dans les cabarets de grande route, des gaietés de rouliers, et, dans les tavernes du Havre, des rixes de matelots ivres. J’ai vu, à Alger, tout en haut de la Kasbah, dans l’incendie du soleil, des danses furieuses de nègres coupées de cris inhumains. J’ai vu les Aïssaouas, pendant des quarts d’heure qui semblaient des heures très longues, secouer leurs têtes comme des loques au-dessus d’un brasier, avec des miaulements lamentables… Mais ces têtes étaient charmantes, mais ces cris étaient doux et berceurs comme le bruissement des feuilles, comparés aux cris et aux têtes des acteurs du théâtre annamite.

Car ils sont hideux.

Du drame qu’ils jouaient, je n’ai pas compris un mot. Et ceux qui vous disent qu’ils y ont compris quelque chose se vantent impudemment. Et voici ce