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présente éminemment, en fait d’exploration, la dernière manière et, si je puis dire, le nouveau jeu.

Dans un emploi de l’activité humaine qui, d’ailleurs, même intéressé, reste magnifique et rare, on peut bien constater, sans être accusé d’aucun mauvais sentiment, que M. Stanley apporte un désintéressement moindre, en apparence, que ses prédécesseurs.

Les grands conquistadores du quinzième siècle étaient de terribles chrétiens. Ils prétendaient conquérir à la vraie religion de nouveaux domaines. Assurément d’autres mobiles, beaucoup moins purs, fortifiaient en eux celui-là. Mais en principe, et très sincèrement, c’est au nom d’une idée religieuse qu’ils se précipitaient dans l’inconnu.

D’autres ont visité des terres ignorées pour en agrandir leur patrie, ou par un amour ingénu de la science et de la vérité, quelquefois aussi par goût du mouvement et de l’aventure.

Mais les voyages de M. Stanley ont tous été des tâches commandées par des journaux ou des compagnies. Ce n’est point pour sa patrie qu’il a travaillé ; et lui-même n’essaie pas sérieusement de nous faire croire que c’est pour sa religion. Ce n’est pas non plus pour l’humanité, puisque c’est pour l’Angleterre.

La vérité, c’est que les nations civilisées se demandent comment elles exploiteront, pour l’accroissement de leur propre richesse et de leur propre bien-être, les régions du globe occupées par les races inférieures, et qu’elles se disputent déjà cette exploita-