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d’immoralité la Vie de sainte Marie-Madeleine. Sa critique est aussi étroite pour le moins et aussi impitoyable que celle de Louis Veuillot. Mais Veuillot était, je crois, « humble de cœur » malgré tout, et il y avait chez lui des coins de tendresse. Le catholicisme de M. d’Aurevilly ne contient pas une parcelle de charité — ni peut-être de justice. La religion ne lui est point une règle de vie, mais un costume historique et un habit de théâtre où il se drape en Scapamonte.

Et cela même, je l’avoue, est fort intéressant.

S’il n’est guère catholique, il n’est pas « diabolique » non plus, quoi qu’on en ait dit et bien qu’il le croie peut-être. On a fort exagéré la corruption de M. d’Aurevilly.

On parle beaucoup, depuis quelques années, de « catholicisme sadique » et de « péché de malice. » Il faut voir ce que c’est. Au fond, c’est quelque chose d’assez simple. C’est un sentiment qui tient tout entier dans le mot de cette Napolitaine qui disait que son sorbet était bon, mais qu’elle l’aurait trouvé meilleur s’il avait été un péché. Il consiste, à l’origine, à faire le mal, non pour les sensations agréables qu’on en retire, mais parce qu’il est le mal, à faire ce que défend Dieu uniquement parce que Dieu le défend. Sous cette forme primitive il est vieux comme le monde ; c’est le crime de Satan : Non serviam. Il suppose nécessairement la foi.

Mais notre siècle a inventé une forme nouvelle du