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M. PIERRE LOTI.

NOËL À YOKOHAMA.

C’est pendant la nuit du 24 au 25 décembre 1887. Loti, son frère Yves et Mme Chrysanthème sont assis sur des nattes, dans une maison de papier.

Ils rêvent.

Loti pense à ses anciennes nuits de Noël.

Telle année, il était, cette nuit-là, avec la tahïtienne Rarahu ; telle autre, avec Fatou-Gaye, la petite négresse ; et, en remontant toujours, avec la Smyrniote Aziyadé, avec la Chinoise Litaï-pa, avec la Lapone Kouroukakalé, avec la Montmartroise Nana, et avec beaucoup d’autres encore…

Évocation de petits paysages nocturnes, très intenses et congruents à chacune de ces figures féminines.

Il songe que plusieurs sont mortes, et qu’il mourra, et que nous mourrons tous.

Yves pense à sa Bretagne.

Mme Chrysanthème ne pense à rien.

Loti dit à Yves :

— Tu es triste ?

Yves en convient.

Et alors, pour consoler son frère Yves, Loti l’en-