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n’est pas difficile de le prévoir. On sait que l’auteur des Batailles de la vie écrit alternativement un roman de passion et un roman d’ « études sociales ». Les Dames de Croix-Mort appartenant au premier genre, il est évident que le roman de cette année réconciliera de nouveau la bourgeoisie et la noblesse. Mais, attendu que, dans la Grande Marnière, c’est une patricienne qui épouse un ingénieur, ce sera cette fois un patricien qui épousera la fille d’un vétérinaire. Le livre aura quatre cents éditions. Et je me dirai une fois de plus : « Oui, c’est bien. J’accepte tout, mon Dieu ! Il faut de ces livres-là, il en faut. Mais pourquoi est-ce lui le triomphateur unique ? Pourquoi pas l’un des quarante autres romanciers qui font la même chose et qui la font aussi bien, quelquefois mieux ? Mystère ! »

Et ce roman s’appellera Guy de Valcreux, et je vais vous en confier les premières lignes :

     « Par une belle matinée de printemps, le digne M. Lerond,
     vétérinaire de la petite ville d’Arcis-sur-Marne, suivait la
     route poudreuse qui conduit au chef-lieu du département, bercé
     dans son antique cabriolet, au trot paisible de sa vieille jument
     Cocote. Tout à coup, à l’un des tournants du chemin, une amazone
     à la taille souple, à la lèvre dédaigneuse, aux extrémités
     aristocratiques, etc… »

Et M. Alphonse Daudet ? ai-je demandé à la somnambule. — Oh ! celui-là se recueille si longtemps entre deux livres qu’il nous jouera peut-être le mau-