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  Quand, la nuit grandissant les formes végétales,
  Sauvage, halluciné, je rampais sous les bois.
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Quand mon esprit aspire à la pleine lumière,
  Je sens tout un passé qui le tient enchaîné ;
  Je sens rouler en moi l’obscurité première :
  La terre était si sombre, aux temps où je suis né !
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Et je voudrais pourtant t’affranchir, ô mon âme,
  Des liens d’un passé qui ne veut pas mourir…
 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Mais c’est en vain ; toujours en moi vivra ce monde
  De rêves, de pensers, de souvenirs confus,
  Me rappelant ainsi ma naissance profonde,
  Et l’ombre d’où je sors, et le peu que je fus.

Et ce cri vers Dieu :

  Tout affamé d’amour, de justice et de bien,
  Je m’étonne parfois qu’un idéal se lève
  Plus grand dans ma pensée et plus pur que le tien !
  — Oh ! pourquoi m’as-tu fait le juge de ton rêve ?

Et cette exhortation à l’homme :

  Que les pouvoirs obscurs d’un monde élémentaire
  Connaissent grâce à toi le rythme harmonieux ;
  Et si, tous les dieux morts, tu restes solitaire,
  Garde au moins les vertus que tu prêtas aux dieux !

Et toute la dernière pièce, Vers dorés :

 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
  Sois pur, le reste est vain, et la beauté suprême,
  Tu le sais maintenant, n’est pas celle des corps :