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est-ce bien une raison pour ne point connaître l’Angleterre ? J’ai lu — dans des traductions — un peu de leur littérature de tous les temps, de Chaucer à George Elliot. J’ai connu quelques Anglais ; j’en ai vu en voyage, où ils se conduisent en « hommes libres » qui usent de tous leurs droits et où leurs façons manquent un peu de grâce et de moelleux. J’ai lu les Notes sur l’Angleterre de M. Taine, les livres de M. Philippe Daryl, enfin les Études anglaises de M. Paul Bourget. Je sais donc quelles images de l’Angleterre se sont imprimées dans des intelligences plus puissantes que la mienne, mais, après tout, de même race et de même culture. Que m’apprendrait de plus, je vous prie, un voyage ou même un séjour à Londres ou au bord des lacs d’Écosse ! Ce qui pourrait m’arriver de mieux, ce serait justement de voir ce pays comme M. Daryl, M. Bourget et M. Taine. Je n’ai donc nul besoin d’y aller. Croyez que je vous parle très sérieusement.

La voici en quelques lignes, mon Angleterre.

Axiome essentiel, tout gonflé d’innombrables conséquences : — Tout ce qui se fait en Angleterre est, d’une façon générale, exactement le contraire de ce qui se fait en France. Notez que cela creuse un plus vaste abîme entre les Anglais et nous qu’entre nous et, par exemple, la Chine ; car la Chine, c’est seulement autre chose.

Principaux signes caractéristiques : race sanguine, rosbif, gin, thé, orgueil insulaire, sport, canotage,