Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

nier. » Et, quoique le roi lui ait accordé spontanément sa grâce, il se tue dans sa prison.

Voilà un canevas de drame. Il n’est pas prodigieusement original. Il pourrait être de n’importe qui. Or, il est de l’auteur de Une Martyre, des Litanies de Satan et de Delphine et Hippolyte. C’est M. Crépet qui nous en donne le scénario assez développé dans le volume qu’il vient de publier : Oeuvres posthumes et Correspondances inédites de Charles Baudelaire.

Il faut être juste. Deux scènes, dans ce scénario, portent la marque du poète des Fleurs du mal.

Au premier acte, nous avons vu arriver chez le comte de Cadolles un soldat français, le trompette Triton, blessé, sanglant, déguenillé. Triton, guéri, devient chef des piqueurs du comte, et Wolfgang passe sa vie à la chasse avec Triton. « Ce trompette, à son insu, corrompt, séduit le marquis. Il lui explique, dans son langage de trompette, dans un style violent, pittoresque, grossier, naïf, ce que c’est qu’un combat, une charge de cavalerie ; ce que c’est que la gloire, les amitiés de régiment, etc. Depuis longtemps, bien longtemps, Triton n’a plus de famille ; il n’est pas rentré au village depuis les grandes guerres de la république ; il ne sait pas ce qu’est devenue sa mère. Le régiment du 1er houzards est devenu sa famille. — Une nuit, Wolfgang dit au trompette de seller les deux meilleurs chevaux. Et, en route, il lui dit : — Devine où nous allons. Nous