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dans sa chair par le souvenir de la femme qu’il a adorée, passe les nuits à se tordre sur son prie-Dieu avec « un râle affreux… dont la violence, étouffée par les tentures, effraye l’évêché. » Et, quand Angélique se jette à genoux devant lui, il est très frappé de la grâce de sa nuque, et de son odeur. «… Ah ! cette odeur de jeunesse qui s’exhalait de sa nuque ployée devant lui ! Là, il retrouvait les petits cheveux blonds si follement baisés autrefois. Celle dont le souvenir le torturait après vingt ans de pénitence avait cette jeunesse odorante… (page 227). » Et plus loin (page 278) : « Sans qu’il se l’avouât, elle l’avait touché dans la cathédrale, la petite brodeuse… avec sa nuque fraîche, sentant bon la jeunesse »… Ah ! ce n’est pas pour rien que cet évêque a un grand nez, — pieusement mentionné chaque fois que l’aristocratique prélat apparaît dans cette histoire.

Vous ne vous méprenez point sur ma pensée, n’est-ce pas ? Tous les passages que j’ai cités sont fort convenables, et il faut reconnaître que M. Zola s’est appliqué à écrire chastement. Il n’en est pas moins vrai que, malgré ses efforts, la préoccupation de la chair est peut-être, à qui sait lire, aussi sensible dans le Rêve que dans ses autres romans. La caque sent toujours le hareng. À moins que ce ne soit moi qui, hanté par le souvenir de cette immense priapée des Rougon-Macquart, respire, dans le Rêve, des parfums qui n’y sont pas… Mais ils y sont, j’en ai peur, Sentez vous-même.