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« Il y avait aussi près de la maison un grand champ, qui s’appelait le Clos-Marie, traversé par une petite rivière, qui s’appelait la Chevrotte.

« Et Angélique aimait beaucoup à se promener au bord de la Chevrotte.

« Angélique lisait souvent la Vie des saints, et les miracles la ravissaient, mais ne l’étonnaient point.

« Elle était persuadée qu’elle épouserait un jour un prince.

« Un jour, en faisant sécher du linge au bord de la Chevrotte, elle rencontra un peintre-verrier qui était beau, beau, beau.

« Elle comprit qu’il l’aimait, et elle se mit à l’aimer, car il ressemblait au saint Georges du vitrail.

« Or, ça n’était pas un peintre-verrier, mais le fils de monseigneur l’évêque.

« Parce que monseigneur, avant d’être évêque, avait été marié et avait eu un fils.

« Or, ce beau jeune homme s’appelait Félicien XIV, et il était prince, et il était riche, riche, riche. Il avait peut-être bien cinquante millions.

« Et, comme Angélique l’aimait, elle trouvait tout naturel de l’épouser, quoiqu’elle ne fût qu’une petite fille très pauvre et sans parents.

« Et Félicien aussi aurait bien voulu être le mari d’Angélique ; mais monseigneur l’évêque lui dit qu’il ne le lui permettrait jamais.