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la femme le préoccupe, s’il parle d’elle avec un mélange de dédain et d’adoration qui n’est qu’à lui, ces deux sentiments s’expliquent par son passé ecclésiastique et par la longue austérité de sa jeunesse : voudriez-vous qu’il abordât la femme avec la belle tranquillité de M. Armand Silvestre ? — S’il rêve, c’est le Breton qui rêve en lui ; s’il raille, c’est le Gascon qui prend la parole ; s’il prie, c’est l’ancien lévite ; s’il se défie, c’est l’historien. On ne peut vraiment pas attendre des livres simples d’un poète qui est un savant, d’un Breton qui est un Gascon, d’un philosophe qui a été séminariste. S’il est divers jusqu’à la contradiction, c’est qu’il a l’esprit merveilleusement riche. Remarquez ce qu’a de singulier et d’unique le cas de cet hébraïsant, de cet érudit, de ce philologue qui se trouve être un des plus grands poètes qu’on ait vus, et jugez de tout ce qu’il faut pour remplir, comme dit Pascal, l’entre-deux.

Il est candide puisque, étant compliqué, il s’est toujours montré tel qu’il était. Il est candide, et je n’en veux, pour dernière preuve, que la simplicité avec laquelle, dans sa préface, il se compare tour à tour à Platon, à Shakespeare et à Edgar Poë. Mais — et je retourne ici ma proposition, — s’il est candide, il reste complexe, et j’avoue que cette complexité ne permet pas de voir toujours très clairement l’homme de foi que j’ai découvert dans le Prêtre de Némi, et qui s’y trouve.