Page:Lemaître - Les Contemporains, sér4, 1897.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée

ques paroles sur la vertu, il nous avertit subitement qu’elle n’est que duperie, et cela nous scandalise ; mais ce n’est pourtant qu’une façon de dire que la vertu est à elle-même sa très réelle récompense. S’il ne le dit pas, c’est scrupule de Breton héroïque, à qui nul sacrifice ne parait assez entier, ou, si vous voulez, illusion d’une conscience infiniment délicate qui veut nous surfaire la vertu. — S’il garde parfois dans l’expression des sentiments les plus éloignés du christianisme, l’onction chrétienne et le ton du mysticisme chrétien, nous croyons ces combinaisons préméditées et nous y goûtons comme le ragoût d’un très élégant sacrilège. Point : c’est l’ancien clerc de Saint-Sulpice qui a conservé l’imagination catholique. — S’il témoigne de son respect et de sa sympathie pour les choses religieuses, pour les mensonges sacrés qui aident les hommes à vivre, qui leur présentent un idéal accommodé à la faiblesse de leur esprit, nous y voulons voir une raillerie secrète. Mais c’est nous qui manquons de respect : pourquoi le sien ne serait-il pas sincère ? — Si telle pensée nous scandalise, prenons garde : c’est que nous ne lisons pas bien. C’est que, voulant exprimer quelque opinion singulière dont il n’est pas lui-même bien sûr, il a cherché exprès, pour la traduire, une forme hardie et inattendue dont l’excès nous fasse sourire et nous avertisse. Ne nous a-t-il pas prévenu qu’il écrivait souvent cum grano salis ? Ce grain de sel, il est toujours facile de voir où il l’a mis. — Si