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lent la fin des belles et généreuses audaces ? Si cela est vrai (et ce ne l’est pas toujours), c’est peut-être que ceux qui se laissent éteindre par elle ne flambaient plus guère ; et on ne saura jamais si c’est elle qui leur a coupé leurs élans ou si c’est eux qui ont cessé d’en avoir. — L’institution est ridicule et surannée ? Ses rites et ses costumes sont grotesques ? L’habit vert est le plus vain des hochets ? Eh ! laissez-nous celui-là ! Il est tout au moins inoffensif, quoi que vous disiez ; et nous vivons de vanités. Faites-nous grâce, homme au cœur fort !

Ainsi les esprits, même les plus modérés, refusent d’entrer dans les sentiments de M. Alphonse Daudet. Et même il se passe ici quelque chose de curieux et de touchant. On n’est pas fâché contre M. Daudet, non ; mais on est affligé, et très sincèrement, de ses irrévérences et de son injustice. La superstition de l’Académie est si forte dans ce pays que beaucoup sont incapables de comprendre qu’un homme qui pourrait en être ne le veuille point. Et alors ils le plaignent d’être si aveugle et de repousser un si grand bien. Ils en ont la larme à l’œil. Et ils ne croient pas à sa sincérité : « Oui, ce sont de ces choses qu’on dit… Mais vous y viendrez… On finit toujours par y venir. »

Mais enfin, si pourtant M. Alphonse Daudet déteste l’Académie ?… Je m’explique. Il reconnaîtrait lui-même, si on le pressait un peu, que les académiciens ne sont pas tous des imbéciles, des intrigants,